Samedi 17 novembre
Comme nous avons rendu la voiture jeudi en arrivant à Salta, nous partons à l’aéroport avec un remis commandé par les jeunes de l’Antiguo Convento.
Vol sans histoire avec LAN jusqu’à Buenos Aires.
Cette fois-ci nous n’avons pas demandé à Yann de réserver un remis, l’expérience du vol AF Paris Buenos Aires avec plusieurs heures de retard à l’arrivée nous ayant vaccinés (voir le premier jour du carnet). D’autant qu’à Aeroparque il y a un comptoir spécial pour les remises, et en deux minutes nous avons un chauffeur pour nous amener à Carlos Calvo.
Durant le trajet il nous apprend une mauvaise nouvelle: mardi, jour de notre vol de retour vers la France, sont prévus perturbations, blocage des routes et grèves en Argentine; aucun vol ne devrait décoller, aucune voiture, taxi, rémis circuler. Il ne manquait plus que ça! Il insiste d’ailleurs en nous disant que nous n’avons aucune chance de quitter Buenos Aires ce jour-là.
Malgré notre préoccupation, nous sommes contents encore une fois de retrouver le B&B et Yann, et très curieux de faire la connaissance du tout nouveau locataire âgé de quelques jours : « Juan-Batista de La Querencia » ;-), alias Jean-Baptiste. Mais pour l’instant, il dort...
L’après-midi se passe à essayer d’avoir des renseignements auprès d’Air France qui ne voit pas où est le problème, confirme le vol et nous demande de rappeler lundi (lorsqu’il sera trop tard pour prendre l'avion ce jour-là). On essaie de voir si on peut nous mettre sur un vol la veille, lundi, ou le lendemain, mercredi. De préférence lundi, car nous n’aurons aucun hébergement le mardi soir. Quant au le lendemain, tout sera bien sûr complet).
Il semblerait que seuls les vols nationaux puissent être affectés – le problème étant de toute façon de rejoindre l’aéroport si rien ne circule et si les routes sont coupées par des barrages.
Dimanche 18 novembre
Ce matin, après le petit déjeuner, Alain (d’Etigny) vient nous rendre visite à La Querencia. Nous parlons longtemps de choses et d’autres mais aussi de... voyage, assis dans le patio, loin du bruit de la rue. Le temps passe et il nous faut malheureusement nous quitter, chacun ayant des choses à faire ici et là. Pour nous ce sera Tigre.
Midi moins cinq, gare de Retiro. Le train part dans quelques minutes, on se précipite au guichet. L'employé, très souriant, prend notre billet de cent pesos et nous tend deux tickets plus les billets pliés. On saute dans le premier wagon, le train démarre juste après, ouf!...
Il n’y a plus aucune place assise en ce dimanche après-midi, les enfants sont nombreux à aller prendre l’air du côté de la banlieue verte et chic du delta du Paraná.
Un quart d’heure passe, une demi-heure et je ne sais pourquoi on vérifie la monnaie qui nous a été rendue... On compte et on recompte, c’est bien ça, le guichetier nous a roulés de plus de 50 pesos :-(
Une heure après le départ nous voici arrivés. Il y a foule dehors, c'est incroyable, et pourtant il fait gris. Des familles entières qui comme nous vont prendre le bateau.
Le catamaran sur lequel nous montons est grand, et on aurait dû se méfier. D’abord il y a du monde et les enfants se poursuivent en criant pendant quasi tout le trajet. Ensuite il ne peut se faufiler dans les petits canaux et nous restons sur le canal principal, large et rectiligne, si l’on excepte un bref détour.
Les épaves se succèdent...
Puerto Madero (photo oubliée sur la première page du carnet)
Les jacarandas sont en fleur
Sur les rives, les belles propriétés alternent avec les épaves de bateaux
On a choisi de venir un matin en semaine pour échapper à la foule et on se demande ce que ça donne aux heures de pointe...
Le côté hyper touristique est très désagréable, mais puisqu'on est là autant en faire abstraction, tout en surveillant quand même les alentours. Nous n'avons rien sur le dos rien dans les mains rien dans les poches, ah si, moi j'ai au creux de la main le petit Sony HX20 qui me donne tant de mal pour prendre des photos. J'ai besoin d'avoir l'œil au viseur et je ne peux pas cadrer le bras tendu, surtout qu'avec le soleil je ne vois pas grand-chose, c'est rien de le dire. Mais je ne veux prendre aucun risque et depuis trois ans j'ai toujours utilisé un compact à Buenos Aires.
Bien sûr, le tango est partout, de même que Carlos Gardel (1890-1935), le seul, l'unique ;-), fils d'immigrés toulousains...
A l'origine il semblerait que les couleurs dont étaient peintes les maisons de bois et de tôles provenaient des restes de peinture de bateau ramenés par les dockers italiens. Aujourd'hui, tout est parfaitement ripoliné, puisque c'est essentiellement ce que viennent voir les touristes, à commencer par nous.
Ici, un mime, une jeune femme en or des pieds à la tête, y compris la peau, reste parfaitement immobile sous son ombrelle; là un couple de danseurs, qui a l'air de s'ennuyer ferme, pose avec des spectateurs...
Une autre particularité de ce petit périmètre de La Boca, ce sont les mannequins qui sont aux fenêtres et aux balcons, dans Caminito comme dans les petits passages.
Au final, j'ai été déçue par Tigre, ou plutôt déçue de ne pas avoir vu les jolis coins de Tigre, les petits canaux et les pontons fleuris.
Lundi 19 novembre
C’est notre sixième passage à Buenos aires et nous n’avons toujours pas vu La Boca. Jusqu’à présent, le côté hyper touristique nous rebutait plus qu’autre chose, mais cette fois-ci la curiosité l’emporte, du moins pour moi car Alain n’a toujours aucune envie d’aller voir de quoi il retourne.
Nous prenons un taxi (un de ceux qui ont le numéro inscrit sur les portières), et un quart d’heure plus tard nous voilà arrivés à bon port – c’est le cas de le dire.
La Boca, près de l’embouchure du río Riachuelo et du río de la Plata.
C’est ici que Buenos Aires a vu le jour, lorsqu’en février 1536 débarqua Pedro de Mendoza (1499-1537) qui baptisa l'endroit Nuestra Señora de Buen Ayre. Mais quelques années plus tard, en 1541, les Querandí expulsent les Espagnols manu militari.
Juan de Garay (1528-1583) débarque à son tour le 11 juin 1580 et tente à nouveau sa chance en fondant cette fois-ci la ville de Trinidad près de la Plaza Mayor et le port de Santa María del Buen Ayre.
Mais revenons à La Boca...
Au XIXe, le quartier est pauvre – il l'est encore aujourd'hui –, la misère traîne au coin des rues, dans les miasmes du río Riachuelo. Les immigrants sont majoritairement des hommes, trois pour une seule femme, et les maisons closes fleurissent.
Les murs du quartier aujourd'hui touristique dont le centre est Caminito, une infime partie de La Boca, ont servi et servent encore de support à de nombreux artistes pour exposer leurs œuvres, comme celles du peintre Benito Quinquela Martín (1890-1977) réalisées en mosaïque et céramique par Ricaro Sánchez. Elles disent le dur travail des dockers, l'attente et la détresse des familles de pêcheurs...
Les conventillos étaient des constructions de un à deux étages disposés autour d'une cour centrale, sans aucun confort, en fait de vrais taudis, où s'entassaient les immigrants – une famille par pièce. Dans la cour, un point d'eau et une cabane qui abritait les w-c.
En 1904, 14 % de la population de Buenos Aires habitaient ces « petits couvents »...
En ressortant du conventillo, on décide d'aller voir ce qui se passe un peu plus loin, au-delà des limites de la voie ferrée, mais sans s'éloigner non plus.
Le tango naît ici, dansé d'abord par la communauté noire issue de l'esclavage, et il subira ensuite diverses influences: sévillanes, italiennes, argentines.
Buenos Aires - Valparaiso
Des Chutes d'Iguazu au cœur des Andes, de la côte chilienne à l'Atacama