Torres del Paine
     Le glacier Grey
  
Torres del Paine
(La Vallée française)
Torres del Paine
(Les Torres)
Accueil
Notre chambre, baptisée « Puma », comprend  six lits superposés. En cherchant la salle de bains, je vois par les portes ouvertes des chambres qui ne sont pas encore occupées que certaines n'ont que quatre lits et d'autres... seulement deux !! Nous redescendons illico à l'accueil et demandons si nous pouvons changer pour une chambre à deux lits... « Pas de problème! », en deux minutes, c'est chose faite et nous déménageons de « Puma » pour « El Calafate ». C'est royal et ça change tout!
 
Dans la grande salle de restaurant aux tables en bois ciré, nous prenons Alain un thé et moi un chocolat avec un grand cookie aux amandes et chocolat (le tout pour 3000 pesos, soit 6 euros), en admirant par la fenêtre de splendides oiseaux noir et feu. L'endroit est vraiment agréable et accueillant, avec d'immenses baies vitrées sur la nature sauvage et le lac turquoise.
Nous sommes ravis d'avoir une chambre pour nous tout seuls! La promiscuité ne nous plaît décidément pas, nous sommes trop indépendants pour ça (et mes années de colonies de vacances m'ont vaccinée à vie). D'autant que personne ne se parle. Hier soir on pensait pouvoir échanger quelques mots avec nos voisins de lit, mais non, les quatre personnes présentes étaient toutes le nez sur le mur...
 
La chambre donne sur la montagne derrière et on aperçoit un bout du lac Pehoe. Il y a l'électricité et le chauffage, le rêve, en somme. Seul hic, mais qui cette fois passe comme une lettre à la poste, le radiateur ne sera allumé qu'à 22 heures. En attendant, on enfile à nouveau pulls et polaires pour pique-niquer, assis sur le lit.
A 22 heures, cling cling, les premières dilatations du métal se font entendre, mais je m'aperçois assez vite que seule une petite moitié du radiateur est allumée. Par ailleurs, le vent à l'assaut de la fenêtre fait un bruit de 777 et soulève le double rideau. Nous nous fourrons au lit, mais moi, qui ne suis pourtant pas frileuse, je suis frigorifiée! Il n'y a sur le lit qu'une petite couette fine, d'été je suppose, puisque nous n'en sommes qu'à tout juste trois semaines. Vers 4 heures, n'ayant toujours pas fermé l'œil, je cherche à tâtons dans le noir mon gros Damart et les deux polaires que j'étale sur le lit... et m'endors illico.
La nuit, toutes les lumières du couloir sont éteintes.
Partis à 11 heures nous rentrons à 17 heures.
puis réapparaît.
qui se cache...
Le vent est toujours aussi violent et la température reste glaciale. Du côté du soleil, à l'horizon, les eaux turquoise du lago Pehoe...
Nous rentrons au pas de charge, laissant derrière nous le plus gros des nuages.
Au deuxième abord, il l'est encore plus. Des murs orangés auxquels sont accrochés masques, dessins et photos concernant les Indiens disparus; plusieurs petits salons ici ou là, avec de gros poêles à bois qui ronronnent et d'épais canapés ou fauteuils en cuir. Ça monte et ça descend, ça tourne et ça retourne et c'est très chaleureux. Pour l'instant, par contre, nos lits ne sont pas prêts. Nous laissons une partie de nos affaires dans une petite pièce en face du Mini Market, dont seuls les deux vendeurs ont la clef, et nous voilà partis à 11 heures pour le glacier Grey sous un temps à ne pas mettre un chien dehors (drôle d'expression, d'ailleurs... pourquoi mettrait-on un chien dehors?).
Le sentier suit une étroite vallée dans laquelle le vent s'engouffre avec rage! Il fait 2 °C sous abri, mais avec le facteur vent je n'ose imaginer la température ressentie... La pluie est de la partie, les nuages cherchent à toucher terre et nous n'arrivons même pas à avancer. J'ai l'impression que quelqu'un me pousse constamment avec force vers l'arrière. Nous faisons des embardées à droite, à gauche, à droite, à gauche et progressons avec peine. Il faut vraiment vouloir voir ce glacier!
 
Je tente quelques photos mais je ne réussis qu'à faire asperger l'objectif.
Nous ne savons toujours pas si nous sommes entourés ou non de montagnes, comme hier tout est bouché, gris, glacial et mouillé... Et bien que le ciel laisse échapper furtivement un éclair de ciel bleu, le temps qui empire finit par nous contraindre  à faire demi-tour.
Nous ne croisons absolument personne pendant plusieurs heures.
La vallée n'en finit pas, alors que d'après la carte nous pensions surplomber le lac jusqu'au glacier. La notion de ce qui est difficile ou modéré n'est pas la même chez les rangers américains et les employés des parcs chiliens. Celui-ci est classé en modéré alors qu'on dirait qu'on suit le lit d'un cours d'eau. Il est encombré de roches et de pierres presque tout du long, entrecoupé de passages soit bourbeux, soit inondés. Le dénivelé est faible mais il monte et descend constamment. Bref, progresser dans ces conditions est particulièrement pénible...
 
Nous n'arrivons pas à nous poser pour manger un morceau, la pluie et maintenant la neige ne cessent de tomber, tout est trempé ou boueux et il n'y a pas un endroit où s'asseoir.  Nous finissons par nous arrêter sous un arbre aux grosses racines apparentes. J'attrape l'onglée en moins de deux, nous sommes trempés de transpiration qui gèle quasi instantanément... Quel plaisir! Comme le dit un randonneur qui surgit soudain près de nous: « Bad time to lunch! »
Enfin, nos efforts sont récompensés et nous apercevons, là devant nous, le glacier, géant bleu figé sur toute la largeur du lac. Nous ne pouvons distinguer son épaisseur, dissimulée dans les nuages. De petits icebergs bleutés dérivent vers l'aval sur les eaux grises du lac qui aujourd'hui porte bien son nom, Lago Grey.
Une demi-heure plus tard, tout le monde descend.
Au premier abord, le gîte de Paine Grande est pimpant, seul au bord du lac, dominé à l'ouest par les montagnes (du moins on le suppose car elles sont perdues dans les brumes).
Un rayon de soleil fugace, enfin...
9 h 30. Premier départ du bateau (il y en a un autre à 10 heures, puis à midi pour ce qui est du matin). Les billets s'achètent à bord, 38 000 pesos pour deux allers-retours (en fait c'est 36 000, on s'est fait rouler de 2000 pesos..., ce qu'on n'aurait jamais imaginé sur une navette, dans un parc national), soit environ une soixantaine d'euros. Café, thé ou chocolat et petits gâteaux sont offerts. Le lac est venté, ça remue pas mal et les eaux sont vert sombre. Impossible d'aller à l'arrière à cause du froid glacial et des paquets d'eau projetés sur le pont. De l'intérieur, impossible aussi de faire des photos à travers les vitres complètement trempées.
 
J'ai quand même tenté une sortie au départ, à l'abri de la petite baie...
En chemin, des guanacos peu craintifs broutent au bord de la piste.
J 11 - Jeudi 2 décembre
 

Nous avons eu froid toute la nuit, car en plus du fait que ça ne soit pas chauffé, la fenêtre est restée légèrement ouverte. Nous n'y avions pas touché, hier soir, pensant que c'était une des personnes présentes qui voulait éviter la condensation. Sauf que nos deux lits étaient collés sur l'air glacial, et ce n'est pas la petite couverture du « cama armada » (lit avec draps et couverture) qui nous a protégés. En plus du reste, le double rideau avait perdu trois de ses anneaux, que personne n'avait jugé utile de remplacer et que personne non plus, dans la chambre, n'avait essayé de bricoler. C'est donc Géo Trouvetout (autrement dit moi, comme je suis assez souvent surnommée) qui a trouvé une solution pour faire l'obscurité en coinçant l’extrémité du rideau de gauche dans le premier anneau du rideau de droite ;-)
A peine réveillés, nous n'avons qu'une hâte : fuir ce refuge qui est un vrai scandale étant donné son prix. Nous remballons nos affaires et filons à la voiture garée sous les arbres à une dizaine de mètres. Une gorgée d'eau glacée, une bouchée de cake « con frutas » – hmmm...  le bon petit déjeuner... – et nous voilà partis pour l'embarcadère, d'où le catamaran nous emmènera à Paine Grande.
Pas si vite cependant, car une fois au pont branlant, nous nous retrouvons coincés un bon quart d'heure derrière un van bourré de touristes. Passera? Passera pas? Puisqu'il était passé à l'aller, il devrait pouvoir faire la même chose au retour. C'est à ce moment-là que nous nous sommes dit que le pont devait être plus solide qu'il n'en avait l'air, même s'il penchait dangereusement à droite. Mais le guide était tout de même extrêmement confiant pour laisser tout le monde à l'intérieur.
          Patagonie australe
El fin del mundo ou le Pays du vent